crédit photo Charlotte Moulin / création artistique Marie-Eve B.Lévesque
Retour sur ma tournée européenne: le fil de la confiance.
Je suis de retour d’un voyage inoubliable à la rencontre des doulas, des parents et des sages-femmes en Belgique et en France.
Le thème de cette tournée était celui de la confiance. Ce fil de la confiance qui permet aux femmes et aux familles d’avancer sereinement vers la mise au monde et l’accueil de leur enfant. Les parents peuvent être très informés et outillés. Mais sans le socle de la confiance, il sera compliqué d’ancrer toutes les connaissances, surtout dans les maternités hospitalières où tant de dérangements et inquiétudes peuvent interférer.
Comment s’appuyer sur la confiance dans la culture médicale de gestion des risques? Le défi est grand mais le questionnement est nécessaire.
À Lièges, j’ai donné une conférence dans une école de sages-femmes et plus de 90 personnes étaient présentes : doulas, sages-femmes, étudiant.e.s et parents. Durant cette intervention, j’ai évoqué la base, les besoins des personnes qui accouchent, la confiance qui a besoin d’être nourrie car elle est fondamentale dans la mise en place des processus de l’enfantement.
J’ai abordé l’accompagnement sans détour, sans crainte, puisqu’aucun doute ne m’habite quant aux besoins des femmes et des familles et quant à la place de la doula à leurs côtés.
Tout au long de ce voyage, j’ai mesuré la confusion de nombreuses personnes et des doulas elles-mêmes quant à la définition de leur pratique.
Dans cette salle à Liège, avec de nombreuses sages-femmes présentes, aucun questionnement ou crainte n’a fusé car aucun doute ne perçait dans mes mots : la pratique doula a des racines bien à elle; elle n’a pas à être comparée. Elle est simple, claire et le continuum pré, per et post natal fait partie de son essence.
Et puis j’ai eu le privilège d’être invitée dans une maison de Naissance et de Mourance à Bruxelles, Pass Ages. Un lieu unique, extraordinaire, dans lequel, avec les bénévoles, nous avons exploré ce qui relie ces deux passages et comment les accompagner dans cette présence qui permet la traversée des moments les plus difficiles.
Être en présence, accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas savoir où l’on s’en va, de prendre soin de ses propres attentes et de ses peurs. Surtout, apprendre à rester là, dans ces moments qui durent des heures, voire des jours. Accompagner un passage est exigeant de notre temps et de notre disponibilité intérieure.
J’ai animé des journées d’enrichissement à Bruxelles et Lacanau, ouvertes à des doulas issues de diverses formations. Ces journées ont offert un espace réflexif sur la pratique doula, ses racines et sa place actuelle dans la société. Parvenir à se définir par ses qualités propres et non pas par ce qu’elle n’est pas.
À Toulouse, une conférence et un atelier réunissaient des doulas et des sages femmes qui accompagnent les naissances à domicile. Nous étions toutes unies à la recherche de la justesse autour de celle qui met au monde (voir image de notre co création) : l’art et la créativité ont été mis au service de l’ancrage de nos pratiques, au-delà des mots et au-delà de nos histoires.
Durant toutes ces journées, nous avons partagé, expérimenté au niveau du corps, de la présence à soi et à l’autre. Nous avons observé, touché, ressenti, co créé pour s’ancrer toujours plus au coeur de notre pratique.
Je reviens de ce voyage avec des prises de conscience et de nouveaux questionnements.
Être doula est exigeant au niveau de la disponibilité et de l’organisation familiale. Entre l’idéal qui a amené les doulas à suivre une formation et la mise en place de leur pratique, j’observe un décalage.
Les doulas sont né.es de la demande des femmes et des familles d’être accompagné.es par une personne de leur choix dans cet évènement majeur et bouleversant qu’elles ne désirent pas limiter à un suivi médical.
C’est profond, essentiel, viscéral dans la recherche d’autonomie et de respect de ses choix.
Voilà d’où sont nées les doulas.
Et c’est exigeant.
Il y a des personnes qui offrent des services de thérapies diverses et il y a les doulas qui offrent un accompagnement tout au long des processus incluant la mise au monde et le post partum.
C’est simple et puissant. Mettons des mots simples et puissants sur ce rôle. Je pense qu’une réflexion s’impose quant à l’essence de la pratique doula et la façon dont elle est transmise, enseignée et incarnée sinon, elle disparaitra, telle qu’on l’a connue.