crédit photo Marie-Eve B.Lévesque
Partie 2. Être une simple doula
Ma réflexion continue, alimentée par la vaste confusion actuelle dans le monde des doulas. Ce post fait suite au premier texte dans lequel je décris le rôle premier de la doula qui en est un de continuum de présence tout au long du passage vers la parentalité, y compris le moment de la naissance.
Qui est doula? Faut-il une formation doula pour être doula? Et bien sûr, qui enseigne ces formations?
Actuellement, je constate la confusion née d’une perte de contact avec le rôle premier de la doula. Nous voyons apparaitre toutes sortes de titres issus de nouvelles formations: des coachs doulas, des doulas holistiques etc.
Comme si le mot doula ou accompagnante à la naissance n’était pas suffisant.
Et de plus en plus de doulas se présentent avec de multiples autres casquettes qui semblent augmenter leurs compétences. Pourtant la compétence première de la doula est sa capacité à être présente, simplement. Mais il est difficile d’explorer cette qualité de présence, qui exige du temps d’expérimentation et qui n’est pas productive en actions. Après avoir tant critiqué le monde du faire, le monde des doulas semble avoir bifurqué aussi dans cette frénésie de propositions de thérapies diverses.
Comme si être une simple doula n’était plus suffisant. Et le public se dit que plus de services est certainement mieux, c’est normal!
Une doula accompagne les passages de vie et notamment celui de la naissance, qui est le sujet de ce post. C’est simple, puissant, essentiel.
De nombreuses écoles, pas toujours créées par des doulas d’expérience, ont vu le jour depuis quelques années. Ces nouvelles formations, avec des propositions marketing alléchantes ne sont pas toujours reliées à une réelle pratique doula incarnée.
Et la confusion s’installe.
Et des thérapeutes à multiples casquettes s’annoncent aussi doulas puisqu’iels interviennent à différentes étapes de la maternité et de la parentalité.
Or, je dirais plutôt qu’iels proposent des services en prénatal ou en post natal. Ce qui est différent de l’accompagnement à la naissance qui n’est pas une série de services mais qui est une pratique au service de la mise au monde, dans un continuum.
La doula est cette personne qui offre une présence ancrée et solide tout au long de la maternité et lors de la mise au monde afin que les parents se sentent soutenus et puissent retrouver une autonomie dans leur parentalité et leur enfantement.
Certains outils peuvent aider la doula mais ces outils n’en font pas une doula.
Peut-être que ces réflexions vont se noyer dans l’offre actuelle des services et formations multiples, nouveau créneau en vogue. Mais je lance un appel aux doulas formatrices d’expérience à ouvrir une réflexion commune pour ne pas perdre notre pratique doula essentielle et émerger du flot.
La doula existe et est née des besoins des parents au coeur de la médicalisation des naissances : elle est la seule personne non médicale, qui avance avec eux dans une présence engagée, ancrée et solide tout au long des processus. La doula n’est pas seulement une source d’informations et certainement pas une coach ou une thérapeute.
Être doula, c’est discret, long, exigeant, fatiguant et aussi puissant, extraordinaire et transformateur.
Cette confusion dans le monde des doulas a atteint le public qui avait déjà de la difficulté à saisir cette pratique doula en marge des suivis médicaux de la naissance.
Il devient de plus en plus difficile pour les simples doulas de parler d’elles et de leur pratique, noyée dans un océan de propositions variées et surtout compartimentées, ce qui est à l’opposé d’une pratique doula.
Pendant notre tournée des doulas au Québec cet été, nous avons encouragé la création de regroupements locaux car les besoins sont différents selon les régions. Les doulas vivent souvent de l’isolement dans leur pratique; elles ont besoin de s’entraider, de partager leur quotidien, d’être soutenues par des doulas d’expérience afin de se consolider dans leur pratique auprès des parents.
Je crois que cette idée est à nourrir partout où il y a des doulas.
2 replies on “Le rôle premier de la doula (part2) ”
Évelyne
Merci Isabelle, ce texte vient à pic . Je suis doula depuis 2004 et j’avoue que je ne me reconnais pas dans cette émergence de jeunes Doulas très marketing … j’ai l’impression de n’avoir rien de magique à proposer … alors merci de me rappeler que c’est ma présence et sa qualité qui compte!
isachallut
Merci Evelyne ! Il est si important de continuer à porter cette essence première de la doula afin que cette pratique continue d’exister 🙂