crédit photo LALOBA
«Ce qui se passe en moi est mon histoire, mon vécu et doit être soutenu avec bienveillance et respect.
Les professionnel.les sont là en cas de besoin et non pas pour décider ce qui est bon ou pas pour moi.
Pourquoi ai-je perdu tout pouvoir décisionnel à l’hôpital?
Je suis une personne adulte et responsable: pourquoi suis-je infantilisée dans cette unité d’obstérique?»
Accompagner la naissance de plus en plus hypermédicalisée.
La situation pour les personnes qui mettent au monde est complexe et difficile en maternité.
Naitre est sous haute surveillance et les suivis serrés qui devraient alléger la situation et la sécuriser se transforment au contraire en hypercontrôle et entrainent une perte de pouvoir des femmes dans un processus qui n’est pas pathologique au départ.
Mais on a convaincu la plupart des parents qu’ils ne savent pas ce qui est bon pour eux avant et pendant l’accouchement. Seul.e.s les professionnel.le.s savent.
Les interventions pleuvent lors des mises au monde et de plus en plus de personnes doutent de leur capacité à traverser ces moments sans aide extérieure. Accoucher par soi-même, sans intervention, est devenu anecdotique.
La croyance que le corps des femmes est défaillant lors de l’enfantement s’est incrustée tranquillement au fil du temps.
La perte de pouvoir devient la norme.
Et puis, après cette prise en charge interventioniste de la mise au monde, on renvoie les parents chez eux quelques heures après la naissance, avec un suivi quasi inexistant. Débrouillez-vous avec l’allaitement, l’adaptation au bébé et les impacts de l’accouchement.
Les conséquences pour les mères et les bébés sont énormes. Au niveau physique, le corps des femmes a besoin de plusieurs semaines de repos avant tout effort ou position debout prolongée. La mise en place de l’allaitement demande disponibilité et tranquillité. Et un bébé naissant ne devrait pas se retrouver dans des salles d’attentes bondées de monde car les suivis à domicile n’existent quasiment plus.
Alors, en 2024,
- Qu’en est-il du soutien des femmes lors de la mise au monde?
- Qu’en est-il du respect du corps des femmes lors de l’accouchement? Est-ce qu’accélérer une naissance, tirer sur un cordon et donc sur un placenta encore fixé dans l’utérus ou séparer la mère de son enfant sont-elles des mesures acceptables?
- Qu’en est-il de l’information éclairée de la part du milieu médical?
- Qu’en est-il de la liberté de choisir comment mettre au monde son propre enfant?
- Qu’en est-il de la peur distillée dans les bureaux médicaux?
- Qu’en est-il de la banalisation des interventions médicales non nécessaires sur le corps des femmes?
Voilà pourquoi la doula, qui n’est pas une professionnel.le de santé, est importante. Sa présence, son soutien, sa liberté par rapport au monde médical n’est pas un danger pour le milieu médical mais un atout pour les familles.
Sa présence discrète nourrit la confiance, renforce, sécurise. Elle propose des choses simples : elle hydrate, masse, aide pour bouger si besoin et répond aux inquiétudes qui jalonnent une naissance. Elle sait que la peur peut tout bloquer. Elle sait aussi que la confiance peut aider à traverser la peur bien mieux qu’une péridurale qui bloque les processus.
Bien sûr elle va encourager la mère à s’écouter car elle ne doute pas que toute mère sait ce qui est bon pour elle.
Une doula n’est pas dangereuse…mais peut être dérangeante.
Parce-qu’une femme qui s’écoute est dérangeante alors qu’elle fait ce qui est le mieux pour elle est son bébé.
Parce -qu’elle devient une mère.
Une mère protectrice.
Soutenir ce processus est un cadeau pour la société et n’enlève rien aux professionnel.les qui savent soigner mais qui ne savent pas tout.
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