Quand la naissance et la mourance se côtoient dans l’impuissance

Eux, ce sont mes parents. Crédit photo ME B.Lévesque

Vieillir, perdre peu à peu des acquis dont on était fier.

Ne plus savoir faire ce qui remplissait le quotidien. 

Peu à peu, les sens se mettent en berne. Deviner plutôt que voir. Imaginer plutôt qu’entendre.

Vieillir lentement.

Être malade lentement. Accompagner lentement. 

Dans un monde où tout va vite, où la lente réalité des personnes vieillissantes se désincarne dans le flot incessant du virtuel, accompagner ce temps réveille des enjeux, des impatiences, des incompréhensions. Il faut apprendre à vivre avec cette réalité confrontante qui nous ralentit. On se retrouve face au temps qui s’étire, gardant captives l’autonomie et la liberté telles qu’on les connait.

Être vieux à l’hôpital. 

Être vulnérable. Ne pas être entendu. Ne pas être compris. Trop lent, trop anxieux, trop sourd, trop vieux. La solitude, l’impuissance et la fragilité des personnes ainées hospitalisées est souvent scandaleusement ignorée. 

 Naissance et Mourance, des enjeux similaires.

Ces deux passages ont un criant besoin de notre attention dans le contexte médical actuel. Je ne sais pas pourquoi tant de professionnel.le.s craignent un partenariat patient-famille-soignant. Il existe sur papier mais il a bien du mal à s’incarner.

«En tant que famille de personnes vieillissantes et malades, je suis traitée régulièrement avec condescendance alors que je suis celle qui connait le mieux mon parent hospitalisé, ses besoins, ses craintes et ses déséquilibres. »

Quand écouter et collaborer est associé à une perte de pouvoir par les professionnel.le.s, nous devons être inquiets, en tant que société, car un jour, nous serons les vieux et les vieilles vulnérables.

Nous sommes devenus un système. Le soin est UN service mais est-il encore AU service?

Dans le monde des naissances, au Québec, nous avons accès à une pratique sage-femme qui a choisi de ne pas définir sa pratique sur des règles de soins mais sur le choix éclairé, partant du principe que la mise au monde appartient aux parents et que la maternité est un processus physiologique et ne peut être réduite à une gestion de risques potentiels.

Donc c’est possible.

Mais la pratique sage-femme va peut-être perdre son autonomie avec le projet de loi 15. On veut la mettre sous la tutelle du paradigme médical qui est fondé sur l’application de protocoles. Et les règles de soins qui seront alors imposées iront à l’encontre d’une pratique axée sur le choix éclairé et sur l’accompagnement adapté aux besoins de chaque personne.

L’accompagnement reste un espace essentiel dans les soins de santé mais comment les professionnel.le.s peuvent-ils habiter cette place au coeur du soin si soigner se résume à appliquer des règles?