L’image édulcorée de la doula.

Au Québec, le système de santé s’écroule : manque de personnel, perte d’accès aux soins de base…le système est en apnée et les citoyen.nes sont inquiet.es, en perte de pouvoir. 

En France, la maternité des Lilas a fermé. Une maternité engagée depuis ses débuts dans un accompagnement féministe et inclusif. Les petites maternités disparaissent au profit des grandes structures déshumanisées dans lesquelles les protocoles sont rois, justifiant la vision à priori pathologique de la mise au monde.

Comment soutenir les parents qui vont avoir un enfant dans de telles conditions?

Les maisons de naissance québécoises, après 25 ans d’existence, sont encore méconnues et marginalisées. La pratique sage-femme est malmenée et se transforme. Par exemple, combien de sages femmes accompagnent les parents en cas de transfert à l’hôpital en 2025? De moins en moins … Donc la sécurité offerte par un.e professionnel.le choisi.e n’est plus là dès qu’on quitte la maison de naissance ou le domicile. 

Comment aider les parents à devenir parents sans être broyés par le système? 

La femme qui met au monde fait-elle de réels choix éclairés lors de son hospitalisation? Est-elle considérée comme une adulte responsable dans ses choix? Rarement.

Je pense que les parents ont besoin d’être informés, soutenus et accompagnés

En fait, toute personne qui vit un passage bouleversant devrait être accompagnée d’une personne de confiance, solidement ancrée dans son rôle. 

Ma confiance au système s’effrite toujours plus. Elle était déjà mince puisque je l’ai quitté il y a 15 ans, ayant perdu l’espoir de pouvoir agir dans le respect des personnes hospitalisées; je manquais déjà de temps et de moyens, en tant qu’infirmière, pour réellement accompagner les femmes et leur partenaire qui venaient mettre au monde leur enfant. 

Nous étions pourtant une petite équipe d’obstétrique engagée…Mais cela prend énormément d’énergie et de courage pour soutenir les parents dans leur choix au sein d’un système qui broie ses professionnel.les. J’avais l’impression que chacune de mes actions était une goutte d’eau dans l’immensité des contraintes de ce milieu. Mais nous avons permis à de très nombreuses femmes de mettre au monde par elles-mêmes, en confiance, respectées. 

Qu’en est-il en 2025? Les chiffres nous montrent une réalité à l’opposé de cette vision : toujours plus de péridurales et de césariennes. Et des traumas. Et des pertes de confiance. Et des liens familiaux brisés. Et des rêves cassés. 

J’oscille entre découragement et espoir depuis 30 ans. Je crois qu’en ce moment, les doulas sont les personnes qui peuvent habiter un espace laissé vacant et soutenir les parents au sein de  ces systèmes extrêmement défaillants. C’est le choix de cette pratique doula qui m’a permis de sentir un réel impact auprès des parents.

Mais les formations doulas doivent réellement les préparer à la réalité hospitalière et ne plus vendre une image édulcorée de la doula. 

La nouvelle doula doit aussi être soutenue, accompagnée dans ses premiers pas…Et je ne parle pas ici d’entreprenariat mais des fondations de la pratique. Car le milieu médical est réticent et pas toujours ouvert à bien accueillir cette personne qui a des connaissances sans être une professionnelle de santé, qui a été choisie par les parents et qui les soutient sans faille. 

Elle doit rester cette figure libre, hors système qui peut encore offrir un réel soutien aux parents. 

C’est notre vision à Pleine Lune et nous maintenons cet engagement auprès des doulas de demain. 

I.Challut

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